Depuis son avènement il y a plus d’un siècle, des enjeux bien connus la traversent : quelle est la part prise dans le développement par le biologique et par l’environnement ? Quels liens entre le corps et le psychisme ? Les connaissances des neurosciences éclairant les bases cérébrales de la mémoire, des émotions, de la conscience, du langage,... réactivent ces débats en faisant espérer chez certains un abord plus univoque. Pourtant les références multiples de la pédopsychiatrie en font une discipline ouverte qui va des sciences humaines aux neurosciences.

Comment soignons-nous ? Alors que nous observons en pédopsychiatrie des effets thérapeutiques, pouvons-nous déterminer la cible de nos interventions et ce qui en a fait l’efficacité ? Soigner suppose une démarche diagnostique préalable. Celle-ci s’inscrit dans une clinique du lien et de l’alliance thérapeutique, premier temps qui engage le clinicien dans une relation à la fois individuelle et familiale.

La pluralité des intervenants dans les équipes, à condition que leur formation soit ouverte aux différents champs concernés (ceux du développement, de la génétique et de l’épigénétique, des connaissances cognitives et psychologiques, mais aussi psychodynamiques, systémiques ou même sociales et anthropologiques) est le garant d’une approche thérapeutique ouverte, non dogmatique, centrée sur l’enfant. Cette équipe pluri professionnelle, reflet de la nature polymorphe du développement de l’enfant, de la diversité de ses besoins, doit disposer de temps d’élaboration pour pouvoir offrir des stratégies thérapeutiques ajustées à chacun et pour créer un environnement thérapeutique adapté.

Lorsque l’évaluation globale est réalisée, comment faire avec l’hétérogénéité des niveaux d’observations ? Qui soignons-nous ? Est-ce l’enfant, son environnement, la dynamique familiale, le contexte socio culturel ? Est-ce le cerveau de l’enfant ?

Quels dispositifs mettre en place selon les cas ? Voit-on l’enfant en présence des parents ou en ménageant un espace individuel tout en accompagnant la famille ? Comment opèrent les médiations thérapeutiques ? Quand recourir à l’hospitalisation ? Les rééducateurs ne font-ils que rééduquer ? En quoi le traitement proposé par une équipe, versus les soins isolés et cumulés, apporte-t-il des bénéfices supplémentaires à l’enfant et à ses parents ?

En quoi une prise en charge du bébé, de l’enfant, de l’adolescent, portant sur ses relations aux autres, à sa famille, à lui-même, influence-t-elle le développement de son cerveau et des ses capacités fonctionnelles ? En quoi une thérapie ciblant spécifiquement un trouble fonctionnel a-t-elle une influence sur l’évolution globale, y compris psycho-affective de l’enfant ?

Comment, sans abdiquer sur la diversité des dimensions perçues, construire un projet cohérent, hiérarchisé, dont la famille puisse se saisir ? Les notions d’articulation et d’intégration sont en effet des caractéristiques de la pédopsychiatrie.