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La journée d’étude des CMPP de l’Est Parisien le 27 septembre 2010

Colloque territoires de la parole

Il n’est pas de parole qui tienne hors territoires de la parole ; il n’y a de sujet que de la parole et il n’y a pas de vie humaine sans prise de parole. Si l’essence de l’homme, c’est l’ensemble des rapports sociaux, il n’y a de sujet que de ce qui fonde ces rapports, soit l’ensemble des liens discursifs. Et les discours, quels qu’ils soient, constituent le cadre de la parole. Assurer les territoires de la parole, consiste, sur un versant, à impliquer les psychanalystes dans des choix de citoyenneté , sur l’autre versant, à amener les « spécialistes » des territoires à ne pas méconnaître la psychanalyse.

La psychanalyse fonctionne au un par un et ne prend pas les gens en masse : elle a un effet politique d’opposition logique à la politique au sens standard qui manœuvre et gère les masses. À toucher intimement la vie des gens, la psychanalyse est de toute façon éminemment politique. Aussi est-ce cette autre politique, qu’elle prône au travers de son action localisée, qui mérite attention. De la même façon, c’est le côté local du territoire qui doit prévaloir – en deçà du territoire national par exemple et à l’encontre de la globalisation galopante qu’induit la mondialisation. Les choix de proximité, quoi qu’il en soit (être proche des gens), sont déjà ceux des traitements psychanalytiques en institution, par exemple en CMPP (Centre médico-psycho-pédagogique) – surtout si on adjoint à chaque CMPP son « bassin de vie » qui correspond à l’éventail des domiciliations des gens qui y consultent.

Aussi, travailler comme psychanalyste en CMPP, touche à des questions relatives à la famille, à l’immigration, à l’intégration, à l’assimilation, à l’école, aux systèmes sociaux, etc. surtout au sein d’un CMPP municipal. Alors on est en prise sur des choix de politique communale touchant à la santé, à « l’accueil », aux soins en général, aux rapports familiaux, éducatifs, etc.

Agir sur ce versant de la supplémentation de la vie subjective, non pas pour, ni donc à la place du sujet, mais avec lui est essentiel. Bien sûr, c’est déjà ce qu’on peut nommer « accueil », que ce soit sous l’angle d’abord de la psychanalyse comme sous celui de « l’accompagnement », de « l’administration » dans le bon sens du terme et de l’action qu’il recouvre, de « l’aide », etc. L’interférence de la psychanalyse avec la gestion des territoires ne peut s’entendre qu’au profit d’une prise de distance avec le management et l’ingénierie.

Or n’est-ce pas, au-delà d’une distance, une résistance qui est de mise ? La destruction des services publics, la déshumanisation à l’œuvre dans l’idéologie du pouvoir actuel ne s’attaquent-elle pas à ce qui fonde la psychanalyse : la dimension du sujet, la prise en compte de la parole singulière, la complexité, l’imprévisible… entre autres ?

N’est-ce pas une des raisons de la présence de nombre de psychanalystes dans les collectifs de la société civile qui s’opposent aux réformes en cours, en dénonçant la toxicité d’une gestion de masse, objectivante et comptable de la souffrance psychique ?

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