Argument
« Les Troubles de l’Apprentissage sont, depuis longtemps, un des principaux motifs de consultation en pédopsychiatrie. Ils sont également l’un des soucis majeurs de l’enseignement. Il n’est donc pas étonnant qu’ils soient fréquemment au centre des interactions entre la pédopsychiatrie et l’école et parfois source de conflits entre eux concernant les places respectives qu’il faut donner à l’enfant ou à l’élève. Ces conflits sont d’ailleurs également présents au sein de chacun des deux champs dans lesquels se sont depuis longtemps développées, souvent à l’identique sous couvert de formes différentes, des frictions plus ou moins affirmées entre ceux qui accordent une importance majeure à la relation pédagogique visant l’engagement subjectif de l’enfant et ceux qui privilégient la transmission à l’élève d’une culture patrimoniale et de savoirs qui cherchent à échapper à tout relativisme. Pour les psychiatres d’enfants comme pour les pédagogues, le conflit entre enfant et élève était donc devenu structurant quand ce n’est pas identitaire, alors même que ne manquaient pas les arguments suggérant, qu’en matière de troubles des apprentissages au moins, c’est plutôt l’intégration de ces tensions qu’il fallait privilégier pour aider les enfants concernés, leurs proches et ceux qui, cliniciens ou enseignants, s’attachent à les aider.
C’est donc avec beaucoup d’intérêt que l’on a vu, ces dernières années, émerger une nouvelle distribution de ces conflits devenus classiques. En pédopsychiatrie comme en science de l’éducation, avec un parallélisme frappant mais dans une méconnaissance réciproque, on constate en effet l’importance prise par des modèles se réclamant, d’une science cognitive suffisamment sûre d’elle-même pour imposer ses formes d’approche du problème. En effet, dans la pédagogie comme dans les protocoles thérapeutiques, cette science estime disposer aujourd’hui suffisamment d’instruments d’évaluation des méthodes qu’elle défend pour pouvoir les imposer en réduisant la place de toutes les autres qui ne sont pas, elles non plus, dépourvues d’arguments ; si bien que seules restent les métaphores pour évoquer l’importance donnée aux sujets-élèves dans les pratiques des enseignants ou des thérapeutes ; c’est ce nous avons pris le parti d’appeler ici « la relation d’apprentissage » qui implique toutes les personnes engagées dans les processus d’apprentissage quelles que soient leurs références.
Avec l’objectif de réunir ces différentes perspectives, et les différents partenaires qui les incarnent dans les deux champs connexes que sont l’éducation et la clinique pédopsychiatrique, ce colloque s’interrogera à la fois sur l’état actuel des données probantes en matière cognitive et neuroscientifique et sur ce qui doit persister de l’importance des approches classiques qui, dans les deux champs ont insisté sur l’intégration subjective et relationnelle des manières d’apprendre et de transmettre. On s’interrogera également sur les effets de ces mouvements récents sur les premiers concernés, les enfants/élèves, au nom desquels les nouvelles perspectives ont été introduites et les professionnels (en relation avec les familles) incités à les mettre en œuvre. Au-delà, on pourra également questionner les valeurs que véhiculent ces différentes conceptions de l’éducation ainsi que leurs finalités implicites.
En considérant en même temps les réformes engagées dans l’école et celles qui sont promues dans la pédopsychiatrie et la clinique, l’AFP a donc pensé qu’il était temps de former les professionnels des deux champs à ces deux versants du même problème. L’AFP considère en effet qu’il s’agit avant tout de les intégrer dans les pratiques plutôt que de les laisser continuer à se développer en parallèle ou en silos. Entre enfants et élèves, protocoles et relation d’apprentissage, symptômes instrumentaux et constellation des dys, cognitions et affects, etc., nous vous proposons de le faire dans un colloque ouvert visant, selon notre habitude, à croiser des points de vu qui tendent à s’exclure mutuellement, lorsqu’on ne fait pas un effort particulier pour les réunir. L’idée est donc de suspendre, en somme, le temps d’un colloque au moins, la véhémence militante que ces mouvements récents ont pu susciter, afin de réfléchir ensemble sur leurs motifs et leurs effets sur les enfants/élèves, leur famille, et les professionnels engagés pour les accompagner et les aider.
Elle a choisi de le faire en étroite liaison avec un média, ToutEduc qui est un site d’information spécialisé en éducation et dont le rédacteur en chef, Pascal Bouchard, suit ces débats théoriques et pratiques depuis bientôt quarante ans. »

RENSEIGNEMENTS
Association Française de Psychiatrie
45, rue Boussingault – 75013 PARIS – Tél. 01 42 71 41 11
contact@psychiatrie-francaise.com
https://psychiatrie-francaise.com